C’est votre histoire…

C’est l’histoire de Maewa et Kali.

Maewa me contacte car son chien Kali devient agressif.

J’arrive dans une famille avec deux enfants. Kali est un croisé de petite taille. Kali a 10 ans et souffre de plusieurs symptômes : otite aigue, crises d’épilepsie, son arrière-train tangue et il devient malpropre.

Il est bien sûr suivi par un vétérinaire qui après plusieurs examens, a diagnostiqué des troubles neurologiques. 

Maewa me contacte car elle est inquiète pour ses filles. A deux reprises, l’une d’elle a failli se faire mordre par Kali.

J’observe Kali qui ne me manifeste peu d’intérêt. Je commence mon anamnèse tout en restant vigilante sur les mouvements de Kali et des 2 petites qui jouent autour de lui. Je remarque que Kali s’immobilise, ses yeux ont l’air de regarder dans le vide et il se met à faire pipi. Je demande à Maewa et à son mari s’ils ont remarqué son moment d’absence. Ils ont bien vu qu’il avait fait pipi mais n’ont pas vu que Kali pendant quelques secondes n’était plus avec nous. 

Maewa est très affectée. Le pronostic du vétérinaire est plus que sombre, il conseille même d’arrêter, mais elle n’arrive pas à l’accepter. Elle est effondrée. 

Je vois bien que l’une des petites, Lola 9 ans fait semblant de jouer et écoute ce que ses parents disent. A un moment, elle me tend son carnet intime et je lis dans ses mots d’enfant « ce n’est pas grave si Kali a essayé de me mordre, je l’aime quand même ». Les deux tentatives d’agression se sont passées sans raison apparente, Lola a voulu le caresser et Kali l’a mordue : heureusement la première fois, elle a eu le réflexe d’enlever son visage, la deuxième, il l’a faite saigner au doigt. 

Le mari de Maewa a déjà pris sa décision. Je sens beaucoup de compassion envers sa femme mais la priorité, c’est la sécurité de ses filles.

Mais Maewa est inconsolable. Ce n’est pas possible.

Je demande « pourquoi vous avez adopté ce chien ? » Maewa me raconte que son mari lui a offert à Noël, il y a dix ans. « Nous venions d’avoir une année très difficile. Je venais de faire deux fausse-couches à plusieurs mois de grossesse ». « Et en plus, me dit Lola, c’étaient des garçons ! » 

Quand on dit que la vérité sort de la bouche des enfants ! Merci Lola.

Ultime choix qui réveille deux autres deuils anciens pour Maewa : « Que vaut-il mieux Maewa décider d’arrêter aujourd’hui et de garder de bons souvenirs de Kali ou de toute façon être obligé à moyen terme de prendre cette décision mais en gardant des mauvais souvenirs ? »

Les petites filles étaient en effet trop jeunes pour observer, comprendre les moments d’absence de Kali. Ces moments où il n’était plus là, où il risquait d’être agressif. Comme tous les enfants, elles étaient pleines de vie, jouaient par terre et mettaient leur tête près de la gueule de Kali sans y prêter attention.  

Les animaux sont une belle leçon de vie pour les enfants : ils leur apprennent qu’ils ne sont pas éternels, prennent également conscience que leurs parents ne sont pas éternels et eux aussi. Lola avait 9 ans. Il était aussi très important qu’elle comprenne que Kali était déjà un vieux chien alors qu’il n’avait qu’un an de plus qu’elle. C’était très important de lui expliquer que l’espérance de vie n’était pas la même chez nos chiens que chez nous, les humains.

Nous nous sommes revus Maewa et son mari quelques jours plus tard sans la présence des filles. Kali avait mordu Maewa. Elle savait qu’elle n’avait plus le choix. Je lui ai parlé du deuil, des phases du deuil, comment accepter le départ de Kali.

 Je l’ai aussi beaucoup rassurée pour Lola. Le deuil chez les enfants comme chez les animaux est beaucoup plus naturel pour eux.  Je lui ai conseillé de lui acheter un nouveau journal intime où elle pourra écrire toutes ses émotions, libre à elle de le montrer à ses parents.

Je les ai invité également à faire un livre photos de Kali, à disposition de tous les 4 ; chacun pouvant le consulter quand il le souhaite en espérant qu’il suscitera des récits de souvenirs heureux.

Ma journée avec les Gamelles Pleines…

En tant que présidente et vice-présidente de notre association ANCA, les Gamelles Pleines nous ont invitées Ninne et moi à assister à une journée festive.

Gamelles Pleines est une association qui distribue des croquettes aux animaux des personnes en grande précarité. Sa mission première est de rentrer en contact avec ces personnes grâce à leurs animaux, en grande majorité des chiens. En plus, de la distribution de croquettes, des soins vétérinaires, c’est avant tout le contact social que recherchent les bénéficiaires.

J’avoue qu’en premier temps, j’étais assez sceptique. Que pouvais-je apporter en tant que comportementaliste ? 

La journée se passait au Samu social de Paris et je faisais la rencontre de bénévoles : Kevin, Katy, Candice … tous très dynamiques, m’accueillant avec beaucoup de chaleur. Ils m’ont tous remercier de ma présence alors que je ne venais qu’une journée. J’apprenais que ces bénévoles assurent une distribution de croquettes tous les mardis place de la République, font aussi des permanences avec des vétérinaires pour assurer des soins aux animaux, organisent également des maraudes pour rencontrer des SDF … des personnes qui ont le cœur sur la main, humaines, prêtes à intervenir en cas d’urgence alors qu’elles ont un travail, une famille à côté.

Tout un monde que j’ignorais. 

Oui, bien sûr, j’ai déjà croisé des SDF, donné quelques pièces mais jamais, je n’ai pris le temps de discuter avec l’un d’entre eux. Autant vous dire que je sortais de ma zone de confort. Et puis par mon histoire, cela faisait rejaillir des souvenirs de quelqu’un de très proche que personne n’avait pu aider.

Parce qu’on les appelle les invisibles, ceux que l’on remarque à peine … 

Plusieurs activités leur étaient proposées, l’objectif principal était de créer un lien.

Il y avait ceux qui étaient enclin à la discussion, ceux où je sentais que je ne devais pas être trop intrusive, ceux qui restaient en retrait. Quelle a été ma surprise d’entamer la discussion assez facilement finalement avec la majorité des bénéficiaires parce que justement ils avaient un chien. Mes premières questions portaient sur l’histoire de leur chien et petit à petit, je les questionnais sur la relation qu’ils entretenaient avec lui … J’ai eu bien sûr des fins de non-recevoir comme une dame qui m’a répondu « je croyais que l’on ne parlait que des chiens ici » mais beaucoup d’entre eux avaient envie ou besoin de se confier. 

Lorsque je me remémore cette journée, je n’ai pas entendu un seul d’entre eux se plaindre. 

Et puis, ces chiens, quelle force de résilience ! Certes, ce sont tous en majorité des gros gabarits, assez réactifs parce que leur mission première est de protéger leurs maîtres. Le monde de la rue, ne l’oublions surtout pas est très violent. J’ai posé une question naïve « Quelle est leur espérance de vie ? » Et Katy m’a répondu des chiens ou des bénéficiaires ? 

Là encore, les chiens nous démontrent qu’ils sont capables de s’adapter à tout environnement. La majorité était en bonne santé et j’ose dire plus propres que leur binôme. Bien souvent, les personnes en grande précarité ont un animal parce qu’il génère beaucoup plus d’empathie que si elles étaient seules. Certains me confiaient que leur chien « était toute leur vie ». Ils ne sont pas jugés par leur chien. Il leur apporte de la chaleur, du réconfort, toujours fidèle, toujours présent. 

Cette journée m’a rappelé que tous ces bénéficiaires restent des humains. Oui, bien souvent, des personnes cassées, mais ce sont des hommes et des femmes. Je me souviens en particulier d’une jeune femme qui n’avait que 30 ans. Cela aurait pu être ma propre fille. 

Depuis ce jour, si je rencontre un SDF avec son chien, j’ose venir vers lui et essaye de rentrer en contact avec. Parler avec lui juste 5 minutes.

N’hésitez pas non plus à soutenir Les Gamelles Pleines. Si par hasard, vous passez un mardi soir place de la République et que vous avez un collier, une laisse que vous n’utilisez plus, apportez-leur.

Animalement vôtre,

Karine Marcopoulos

www.comportementaliste92.com

www.anca-comportementalistes.com

www.gamellespleines.fr

Martine et Billy

C’est l’histoire de Martine et de son chien Billy, un cocker, de 4 ans environ.

Martine me contacte car son chien ne peut pas rester seul.

Lorsque je rentre dans l’appartement, Martine me propose un café que j’accepte. Billy vient me respirer mais est assez indifférent. Martine m’apporte le café et nous nous asseyons l’une en face de l’autre. J’observe Billy, il va se coucher tranquillement loin de Martine.

En plus des aboiements pendant des heures, Billy détruit tout ce qui lui est accessible lorsqu’il est seul. Il peut être très ingénieux dans ses bêtises comme tirer sur la nappe du salon et faire tomber le pot de fleur qui était dessus ! Martine me montre des photos qu’elle a prises de son appartement et c’est vrai que Billy peut faire un véritable carnage. Le plus inquiétant, c’est qu’il est capable de se mettre en danger comme avaler des morceaux de tissus…

Ma première interrogation est de savoir si Billy souffre d’anxiété de séparation ou d’ennui ? Billy est suffisamment promené le matin, le midi et le soir. Il rencontre et joue avec d’autres chiens. Billy dort dans le couloir et pas dans la chambre de Martine, mange après elle. Bref, les critères sociaux semblent être respectés. Il ne la sollicite pas constamment. Ils ont tous les deux une très belle relation. Je ne constate pas un hyper attachement qui pourrait déclencher cette anxiété de séparation. Martine ne fait aucun rituel lorsqu’elle quitte l’appartement. Billy a été adopté parce que Martine a toujours vécu avec des chiens.

Et puis me dit Martine, « il ne fait des bêtises que lorsque je vais au travail. Si je m’absente pour faire des courses, je retrouve l’appartement dans le même état que lorsque je suis partie ». Premier indice.

« Et depuis combien de temps fait-il des bêtises ? »

« 10 mois environ… »

Deuxième indice.

Mon questionnement se focalise sur Martine.

Et elle me raconte son histoire. Martine a été infirmière jusqu’à l’âge de 40 ans. Elle a dû faire une reconversion car elle a perdu la vue. Pas complètement me dit-elle, elle distingue encore les formes mais plus les couleurs, ne peut plus lire, plus conduire… Je reste sans voix. Cela fait plus de 45 minutes que je suis assise devant elle et je n’avais pas remarqué qu’elle ne voyait pas. Je me permets de lui témoigner mon admiration. Elle me sourit, « c’est normal » me dit-elle, « je suis dans mon appartement ».

Elle m’explique qu’elle a suivi des études pour devenir kinésithérapeute. « Au moins, me dit-elle je peux travailler avec mes mains et je n’ai pas besoin de mes yeux. »

Mais depuis deux ans, elle commence à avoir mal aux mains. Elle s’est fait opérer. Elle n’avait plus mal mais depuis une petite année, la douleur est revenue. Et c’est l’angoisse de partir travailler et d’avoir mal dans les mains. Cela la terrorise. Que va-t-elle devenir si elle ne peut plus exercer, elle qui vit seule et qui est à 5 ans de la retraite ?

Ce stress avant de partir au travail parce que Martine se pose la question tous les jours, vais-je pouvoir bien soigner mes patients, elle le communique à Billy. Sans bien sûr la culpabiliser, je lui explique que le chien détecte nos propres émotions. Ce sont des vrais buvards émotionnels. Ils savent si nous sommes contents, tristes, énervés… Le chien est même capable de détecter le cancer, des virus… C’est pour cela qu’il existe des chiens d’assistance qui ont été formés pour prévenir son binôme si celui-ci va faire une crise d’épilepsie, par exemple.

Pour essayer de décharger ce stress, Billy hurle, détruit tout ce qu’il peut.

Mais, comment peut faire Martine alors qu’elle subit à nouveau un problème médical indépendant de sa volonté ? Cette prise de conscience, même si elle est douloureuse pour Martine va beaucoup l’aider. Elle comprend enfin pourquoi son chien réagit comme cela.

Et puis, quelles solutions peut-elle envisager ? N’a-t-elle pas droit à un mi-temps thérapeutique ? A une retraite anticipée ayant un handicap ? Plein de questions à lesquelles, je n’ai pas de réponses mais qui lui permettent de regarder le problème différemment. En lui posant certaines questions, en lui faisant prendre du recul, Martine convenait petit à petit qu’il existe sûrement des solutions.

Nous avons travaillé ensemble comment se mettre dans des émotions positives au moment du départ au travail, entre autres. Martine a également investi dans une barrière de protection pour s’assurer que Billy ne se mette pas en danger.

Elle avait pris également rendez-vous auprès de sa caisse de retraite pour faire un point sur ses droits…

Bien souvent, nous sommes focalisés sur le problème et nous ne voyons plus qu’il peut y avoir des solutions. C’est le rôle du comportementaliste, de permettre à nos clients d’avoir un autre regard et aussi d’envisager qu’il existe un possible.

Animalement vôtre,

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Schweppes

C’est l’histoire de Schweppes, une adorable golden de 15 mois. Ses propriétaires me contactent car elle n’est toujours pas propre la nuit. Ils vivent en appartement. Je pose un certain nombre de questions pour faire le bilan comportemental. Rien à signaler sauf que…

Schweppes est sortie le matin, le midi et a droit tous les jours vers 17h00 à une belle balade de plus d’une heure dans un parc où elle est détachée et peut se défouler. Elle est capable de rester plus de 6 heures dans la journée sans accident. Mais …

« Si je comprends bien, la dernière sortie de votre chienne est à 17h00 ? Qu’est-ce que vous faites le soir avant de vous coucher ? »

Le couple se regarde et ils ont tous les deux compris. Parfois, nous sommes tellement focalisés sur le problème que nous n’arrivons pas à prendre du recul. Le comportementaliste est là justement pour vous aider à prendre conscience du véritable problème : il manquait juste une dernière sortie hygiénique !

Dans ce cas, un seul rendez-vous a suffi et aux dernières nouvelles, Schweppes est propre la nuit.

Nathalie, Puppie et Réel.

C’est l’histoire de Nathalie qui m’appelle parce que son chat ne mange plus depuis deux mois. Elle a pourtant consulté à plusieurs reprises son vétérinaire qui ne trouve rien. Il lui conseille de consulter un comportementaliste. En arrivant chez Nathalie, je découvre Puppie, un Yorkshire de 2 ans et Réel, un persan de 6 ans. Nathalie est très mince, fragile, marche doucement. Puppie ne tient pas en place, la sollicite tout le temps, monte sur ses jambes, amène ses jouets. Réel est d’une maigreur effrayante. En questionnant Nathalie et plus particulièrement sur les événements qui ont pu se dérouler ses deux derniers mois, j’apprends qu’elle a subi un traumatisme. Elle a fait un infarctus et son cardiologue lui a posé 3 stents. Il lui dit qu’elle est soignée comme tout son entourage, mais Nathalie n’arrive pas à s’en remettre moralement. Elle est restée figée sur ce traumatisme et psychologiquement ne va pas bien du tout. Elle ne mange plus depuis deux mois et quand elle me montre son lit, elle me dit qu’il est trop grand, qu’elle voudrait qu’il soit plus petit avec des planches de chaque côté et également une sur le dessus. Je lui demande « vous savez ce que vous êtes en train de me décrire ? » et me répond « oui, à un cercueil ». Et Nathalie me confie toute sa vie, un peu honteuse et me posant souvent la question « mais vous êtes psy ? ». Je lui réponds que non et lui explique que les comportements de ses animaux sont une réponse à ce qu’ils vivent. C’est leur manière de dire que Nathalie ne va pas bien. J’essaye de lui expliquer ces comportements adaptatifs sans bien sûr, chercher à la culpabiliser. 

Nathalie me raconte qu’elle a follement aimé son mari et qu’elle l’avait trompé. Il s’en était rendu compte et l’avait quittée. Elle ne s’est jamais remise de cette séparation et parle de lui comme étant l’homme de sa vie. Elle me raconte qu’elle a eu un fils avec lui, qu’ensuite elle s’était faite avorter à deux reprises et qu’elle ne se pardonnait toujours pas 40 ans après « d’avoir tué ses deux bébés ». Elle a également perdu ces deux dernières années une petite chienne qui était un Yorkshire et un chat européen. Elle me montre les deux urnes posées sur le meuble du salon bien en évidence : deux boîtes avec la photo de chaque animal dessus. 

Elle a pris conscience au fur et à mesure de notre rendez-vous que tant qu’elle n’ira pas bien, ses animaux manifesteront ces comportements, comme l’anorexie chez son chat. Le deuil de sa petite chienne et de son chat n’est pas fait. Puppie restera infernale si Nathalie n’accepte pas ces deuils.  

Mes hypothèses sont qu’elle a subi un traumatisme en découvrant sa maladie il y a deux mois, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle doit faire le deuil que son corps ne sera plus le même et accepté cette maladie. Mais ce traumatisme a fait resurgir d’autres deuils qu’elle avait mis « sous cloche » comme la séparation avec son mari, ses avortements et le départ de ses deux derniers animaux. A chaque nouveau deuil, ses souffrances s’amplifient comme si elle n’arrivait plus à mettre de filtres et Nathalie semble s’éteindre à petit feu. Sa culpabilité est tellement forte qu’elle s’interdit d’être heureuse. Elle se punit elle-même d’avoir commis « toutes ces fautes ». Je lui ai demandé ce qu’elle souhaitait aujourd’hui, « que je grossisse » me répond-elle. Elle a convenu d’elle-même qu’elle avait besoin d’aide, besoin de parler pour « mettre des mots sur ses maux ». Elle a compris que ses animaux étaient les porte-parole de sa dépression. 

Nous avons réagencé, entre autres, les positions des gamelles qui étaient trop proches de la litière.  

Pascal et ses chats.

Le métier de comportementaliste nous permet de franchir des portes que nous n’ouvrirons jamais pas dans notre vie quotidienne. Nous pénétrons dans de nouveaux mondes. Il faut savoir s’adapter à toute personne, quel que soit son niveau de vie…

Cette fois-ci, mon rendez-vous se passe dans le 2ème arrondissement, chez Pascal. Je rentre dans un splendide appartement et découvre 4 chats magnifiques : un Maine Coon, deux siamois et un Ragdoll. Autant vous dire que je prends sur moi pour ne rien montrer car je fonds littéralement sur ces merveilles. La cause du rendez-vous est que l’un des siamois fait pipi en dehors des litières et agresse l’autre Siamois.

Très élégant, Pascal a une autorité naturelle, qui ne se livre pas facilement.

Pascal attend de moi des réponses concrètes comment faire pour que son chat fasse dans sa litière. Je sens que je dois avancer prudemment dans mon questionnement car pour Pascal, seuls les chats ou du moins un des chats a un problème.

J’interroge sur l’histoire des chats, sa relation… A chaque fois que nous parlons d’un des chats, Pascal le prend dans ses bras. Tout le monde est au garde à vous et chacun doit répondre à ses attentes même si le chat en question est en train de dormir profondément.

En 2 ans, Pascal a adopté ces 4 chats et va bientôt en avoir un cinquième.

Puis, la question, « vous avez eu d’autres animaux avant ces chats ? »

Je remarque presque un sursaut chez Pascal. Je crois qu’il hésite entre me répondre ou m’envoyer balader. Dans ces moments où je sens un blocage chez mes clients, je prends un ton très calme et essaye d’avoir le plus de bienveillance possible pour qu’ils se sentent en confiance. Bien souvent, je commence par « vous me dites si je vais trop loin mais j’ai besoin de savoir pour comprendre… »

Et là, Pascal me raconte qu’il a eu un Dog Allemand quand il était petit, qu’il adorait. Je vois des larmes dans ses yeux. Il le prenait dans ses bras et me mime le geste avec ses deux bras comme s’il entourait le chien. Et puis, ce chien est décédé lorsqu’il avait 8 ans. Il avait eu tellement de chagrin qu’il ne se nourrissait plus et était tombé dans une dépression.

Et Pascal parle, parle … Comme s’il attendait qu’on appuie sur le bouton « on » et déverse toutes les émotions qu’il avait contenu depuis des années.

Il me dit également qu’il a choisi d’adopter des chats parce qu’en appartement, un chien ce n’est pas possible. Je n’ai même plus à poser de questions. Il fait le déroulé tout seul. Et puis, à chaque chat, il essaye de les prendre dans ses bras et comme le chat ne se laisse pas faire, il en achète un autre. Et là, il me mimme le geste. Je l’arrête « vous avez vu le geste que vous avez mimé, c’est exactement le même que vous faisiez avec votre chien ? ». Je vois dans ces yeux le déclic. J’adore ce moment du rendez-vous où mes clients comprennent, même pas besoin de développer. Ils ont pris conscience du déclencheur de tel ou tel comportement et surtout de la relation de leur comportement avec celui de leur animal.

Parce que dans ce rendez-vous, le problème, ce n’est pas le problème de propreté d’un des chats. Le problème est que tant qu’un de ses chats ne répondra pas à ses attentes, tant qu’il ne pourra pas prendre son chat dans les bras comme avec son chien, il en achètera un nouveau. Jusqu’à avoir « le chat de trop », celui qui déséquilibre l’entente entre les chats, celui qui va faire pipi partout….

Même 30 ans après, Pascal n’avait toujours pas fait le deuil de son Dog Allemand.

Être comportementaliste, c’est réussir à « faire crever l’abcès » tout en douceur, en bienveillance. Bien souvent, je sens mes clients réfractaires. Je ressens bien chez eux qu’ils ne veulent pas lâcher prise. Je sens même parfois que c’est limite s’ils n’ont pas envie de me mettre à la porte, qu’ils ne veulent pas que je rentre dans leurs jardins secrets. Et quand enfin, certains se libèrent, quand enfin ils se dévoilent, quelle délivrance. Ils sont eux-mêmes surpris de cette prise de conscience, de ce qu’ils s’étaient cachés à eux-mêmes. Ils sont même surpris d’avoir réussi à parler devant leur femme ou leur mari, leurs enfants … La famille se cristallise et c’est un travail d’équipe qui se met en place qui permettra de faire évoluer le comportement de leur animal.

Topaze et ses maîtresses.

Topaze a été adopté par une famille avec 3 adolescentes. Il avait un an lors de notre premier rendez-vous. Celui-ci acceptait de sortir avec son maître et de se balader tranquillement. Si une des filles ou la femme voulaient le promener, Topaze refusait de sortir de l’immeuble. En questionnant les différentes personnes, je me suis rendu compte que la maman et ses filles avaient peur des chiens. C’est pour cette raison qu’elles avaient adopté un chien pour ne plus en avoir peur. Elles n’avaient pas peur de leur propre chien mais continuaient d’avoir peur des autres, et cette peur, elles la transmettaient à Topaze. Le mari en revanche, avait toujours vécu avec des chiens et n’en avait pas peur. Le petit chien acceptait de sortir avec lui. En plus de cette prise de conscience, j’ai aidé chacune d’entre elles grâce aux techniques de la PNL à reprendre confiance en elles, à travaillé sur leur posture d’excellence. Aux dernières nouvelles, Topaze adore être promené par ses maîtresses.

Véronique et Filou

C’est l’histoire de Véronique et de son chien Filou. Véronique me contacte sous les conseils de son vétérinaire car son chien Filou est très agressif envers ses congénères. J’arrive dans un joli appartement et me retrouve devant une femme élégante de plus de 60 ans. Son chien Filou m’accueille très calmement, limite s’il s’intéresse à moi. Il se couche dans son panier comme si de rien n’était. C’est un croisé avec des yeux magnifiques, de 15 kilos environ et âgé d’une dizaine d’années. Je demande à Véronique de me parler de l’histoire de Filou. Et en fait, elle n’en sait pas beaucoup. Il s’est retrouvé dans un refuge à ses 10 ans, semble avoir reçu une éducation puisqu’il répond à certains ordres. Véronique souhaitait un nouveau chien puisque le sien était décédé de vieillesse depuis deux ans. Elle avait adopté Filou depuis 6 mois environ. Il s’était bien adapté à son nouvel environnement. Cependant, il manifestait de plus en plus de l’agressivité dès qu’il rencontrait un nouveau chien quel que soit la taille et le sexe. Véronique avait du mal à le maitriser, au risque même de tomber tellement il pouvait être en furie dans ces moments là. Commence alors mon questionnement sur son histoire : Elle est veuve depuis plus de 7 ans. Son mari est décédé à la suite d’une longue maladie. Ce chien a été adopté par son fils. En effet, Véronique avait contacté plusieurs refuges qui ne souhaitaient pas lui confier un chien, étant selon eux, trop âgée. C’est donc son fils qui a choisi Filou et qui lui a apporté le jour de son anniversaire. C’était la dernière fois qu’elle voyait son fils. Il s’est suicidé trois mois plus tard. Véronique en même temps qu’elle me parle appelle son chien et le fait assoir à côté d’elle sur le canapé. Elle a besoin d’avoir un contact physique avec lui au fur-et-à mesure qu’elle me raconte ces épreuves si difficiles. Elle a besoin de le toucher, de sentir sa présence pour se donner du courage, se sentir moins seule. Elle me confie qu’elle adore regarder la télévision et l’avoir tout près d’elle. Sa chaleur, sa présence, la soulagent, la réconfortent. Elle m’avoue également qu’elle a peur de le perdre et qu’elle a besoin d’être toujours en contact avec lui. Elle ressent un besoin viscéral de le protéger. Petit à petit, en lui posant certaines questions, Véronique prend conscience que Filou représente le dernier lien vivant de son fils. Perdre Filou, c’est perdre une deuxième fois son fils. Elle n’a pas pu le sauver, elle doit donc impérativement réussir à sauver Filou. En surprotection à la maison, Filou manifeste comme comportement adaptatif une protection de sa maîtresse à l’extérieur. A son tour de la surprotéger. Cette prise de conscience a permis à Véronique de considérer Filou différemment, de le remettre à sa place de chien et de ne pas lui donner le rôle de substitut. Au deuxième rendez-vous, Filou était métamorphosé. Nous sommes allés à la rencontre de congénères et il manifestait beaucoup moins d’agressivité. Nous avons travaillé sur son seuil de sensibilité, détourné son attention quand il commençait à se tendre et le féliciter dès qu’il manifestait un comportement positif. Véronique aussi commençait à faire son travail de deuil. Elle s’était inscrite à de nouvelles activités et reprenait peu à peu goût à la vie. Le comportementaliste intervient dans la relation du propriétaire à son animal. Je dirai que nous intervenons sur la « partie invisible », l’impact psychologique que l’humain peut avoir sur son animal. L’éducation est ensuite préconisée quand le chien a une relation équilibrée avec son propriétaire, quand il est capable de se concentrer pour apprendre de nouveaux comportements.