C’est l’histoire de Sarah …
C’est avec une voix toute frêle, à peine audible que Sarah me contacte. Elle m’explique qu’elle a eu une altercation avec le chien de son compagnon et qu’elle ne sait plus quoi faire.
Lorsque j’arrive à son appartement, je suis accueillie par Néo, un Samoyède de 2 ans, assez « fou fou ». Le compagnon de Sarah, Cédric le remet à l’ordre immédiatement. Cédric a une autorité naturelle et Néo lui obéit au quart de tour. Je sens en Néo une boule d’énergie, un véritable lion en cage. L’appartement est loin d’être spacieux, il y a très peu d’espace et Néo ne peut circuler sans nous toucher.
Sarah est assise sur le canapé, recroquevillée sur elle-même. Elle se tient la tête et ses yeux sont larmoyants.
Je commence à interroger sur l’histoire de Néo. Rien de particulier à signaler.
Cédric et Sarah sont ensemble depuis peu. Sarah s’est installée chez Cédric depuis deux mois. Tout se passait bien jusqu’au jour où Sarah a voulu sortir de la chambre et Néo l’empêchait de passer. Cédric était absent. Sarah a voulu pousser Néo et celui-ci lui a sauté dessus. Elle a eu très peur, elle voit encore sa gueule près de son visage. Sarah sanglote et Cédric semble embêté par la situation. Il est attaché à Néo et ne veut surtout pas s’en séparer. Mais depuis, cette scène, Sarah est terrorisée par ce chien. Elle ne le regarde plus, ne veut surtout pas qu’il l’approche.
Cédric travaille tard le soir. Sarah se retrouve donc seule avec Néo lorsqu’elle rentre du travail.
Néo s’approche de Sarah et d’un claquement de doigt, Cédric lui demande de se recoucher. Néo s’exécute. J’observe la scène.
J’avance à tâtons dans mon questionnement.
« Est-ce que, Cédric vous intervenez lorsque Sarah demande quelque chose à Néo ? »
Cédric est surpris par ma question. Il m’explique qu’il veut protéger Sarah et qu’il ne veut pas que Néo l’embête.
Son intention est tout à fait louable sauf que …
« Lorsque vous adressez un ordre à Néo, vous souhaitez qu’il vous obéisse ?
« Oui »
« Et Sarah, est-ce vous souhaitez que Néo vous obéisse ? »
« Oui, bien sûr. »
Je prends un long moment pour expliquer quelle place doit prendre le chien au sein du foyer. Je sais que beaucoup de personnes n’aiment pas que l’on parle de hiérarchie parce qu’ils confondent bien souvent ce mot avec autoritarisme. Je leur explique que Néo a très bien compris qui était le patron lorsque Cédric est présent. Mais, Sarah doit savoir s’imposer et elle aussi doit se faire respecter par Néo, même lorsque Cédric est là. Cédric est sceptique. J’insiste sur le fait qu’il ne doit surtout pas s’immiscer et que Sarah doit absolument se faire respecter par Néo. Ce dernier doit être « en bout de chaîne ». Et nos meilleurs amis savent très bien détecter la faille.
« Sarah, vous m’avez dit tout à l’heure que vous aviez peur de rentrer chez vous ? »
« Oui »
« Est-ce une émotion que vous avez déjà vécue ? D’avoir peur de rentrer chez vous ? »
Sarah me regarde, se met à trembler et recommence à pleurer. Cédric se lève et va se faire un café… Néo soupire. Le temps s’arrête, figé.
Et là, avec beaucoup d’hésitation, Sarah me confie que lorsqu’elle était jeune vers l’âge de 12 ans, elle craignait de rentrer chez elle. Ses parents travaillaient. Elle se retrouvait seule avec son grand frère qui sous l’emprise de l’alcool la martyrisait. « Il était très violent » m’avoue-t-elle. Jusqu’où ? je ne l’ai pas su.
Elle avait mis cela sous cloche. Personne, encore moins ses parents ne s’en étaient rendu compte, du moins c’est ce qu’elle croyait. Cela avait durer plusieurs années. Elle s’est échappé le plus vite possible de son domicile familial. Comme un mécanisme de défense, elle avait effacé tout cela de sa mémoire.
« Lorsque vous regardez Néo, Sarah, qu’est-ce que vous voyez ? »
Les yeux de Sarah s’écarquillent, elle me regarde et dans un murmure, me confie « mon frère ».
« Savez-vous Sarah qu’un jour vous direz merci à Néo ? »
Stupéfaite, Sarah m’interroge des yeux.
« Cette scène que vous avez vécu avec Néo, aussi violente a fait ressurgir de vieux traumatismes, de vieux démons que vous avez essayé d’effacer de votre mémoire. Et pourtant, ils sont présents, la preuve en est. Ce n’est pas Néo que vous êtes en train de repousser mais bien votre frère. »
Sarah m’avoue qu’elle avait essayé de confier ce lourd secret à ses parents et aussi à son frère. Tous avaient nié, la culpabilisant même de fabuler.
« Une double peine » lui dis-je. Cédric était revenu, eu un geste protecteur envers Sarah et acquiesçait de la tête.
Nous convînmes que Sarah avait besoin de se livrer auprès d’un professionnel. J’insistais sur le fait qu’à partir du moment où Sarah saura se faire respecter de Néo, c’était justement un premier pas vers la guérison, savoir dire non. Une première victoire.
Le chemin était long pour Sarah mais je suis sûre qu’un jour, elle dira merci à Néo, de l’avoir aidé à crever l’abcès et de se libérer de ses souvenirs si pesants.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
Comportementaliste Chiens & Chats
www.anca-comportementalistes.com
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Quelle tristesse !
En tant que comportementaliste, je rencontre fort heureusement dans la majorité des cas de très belles histoires et parfois des plus sombres. Ma formation m’a appris à travailler sur le détachement mais certaines restent collées, impossible de les oublier.
Le point commun si j’ose dire avec ces histoires plus tristes est que les adoptants n’ont pas assez anticipé sur le changement de vie que va provoquer l’arrivée de l’animal. Les raisons de l’adoption sont toujours pour faire plaisir : à l’enfant qui réclame un chien depuis des années, à la personne qui se retrouve seule et cherche à avoir une compagnie mais a oublié qu’elle n’avait plus 20 ans, à ce jeune en difficulté qui aura un chien ou un chat thérapeutique… On adopte aussi parfois comme un substitut parce que l’on n’arrive pas à avoir un enfant jusqu’au jour où il devient encombrant parce que le bébé tant attendu est enfin arrivé.
Et là patatras, on espérait que le chiot allait être propre à 4 mois, qu’il suffisait de le promener une demi-heure par jour, qu’il allait être moins agité et puis, ces mordillements, ça fait mal ! Bref, ce n’est pas du tout le chien ou le chat qu’on s’attendait à avoir.
Souvent, j’entends : « je ne sais pas si je vais le garder ! ».
Alors que le petit bout n’a même pas 6 mois !
Ça passe ou ça casse !
Le drame dans ces histoires, ce n’est pas que l’animal qui est la victime. Comment les enfants qui ont commencé à s’attacher à lui vivent cette séparation ? Quel choc pour la personne âgée de se rendre compte qu’elle n’a plus l’énergie, la force pour s’occuper de son chien ? Comment la maman qui déjà débordée parce qu’elle travaille et élève seule ses jeunes enfants a encore assez de temps pour s’occuper d’un chiot ?
Ces personnes culpabilisent d’avoir fait le mauvais choix. Elles espéraient amener du bonheur à la maison et finalement, cela vire au cauchemar.
Il y a bien sûr des accidents dans la vie qui font qu’on ne peut pas tout anticiper et qui nous amène à replacer un animal. Il arrive aussi que le chien ne s’habitue pas du tout à son nouvel environnement et serait bien plus heureux dans un autre… Je pense notamment à certains chats qui sont incapables de vivre en appartement. Parfois, replacer un animal est aussi un acte d’amour car nous savons qu’il n’est pas heureux avec nous.
Une des missions du comportementaliste est justement de vous aider à faire le bon choix dans l’adoption : quelle race est la plus adaptée à votre foyer ? Un chiot, un chaton ou un adulte ? Ce nouvel arrivant sera-t-il accepté par le chien ou le chat qui vit chez vous ? Pleins de questions qui vous permettent une certaine prise de conscience et d’anticiper au mieux.
Adopter un animal qu’il soit jeune ou adulte demande un énorme investissement de notre part. Nous devons lui consacrer beaucoup de temps, beaucoup de patience, beaucoup d’énergie pour en faire un chouette animal de compagnie et ceci pendant plus de 10 ans. Et ce temps parfois, on ne se rend pas compte qu’on ne l’a pas toujours, sauf devant le fait accompli. Et l’animal lui, il n’a rien demandé.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
Comportementaliste Chiens & Chats
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C’est l’histoire de Laurence et Moustache.
Laurence est très inquiète. Elle ne comprend pas. Son chat Moustache, 8 ans se lèche de façon frénétique et n’a plus de poil sur le dos, comme une véritable tonsure. Elle a pourtant consulté plusieurs spécialistes, rien n’y fait.
Elle me contacte, en dernier recours m’avoue-t-elle. « Peut-être que vous en tant que comportementaliste… »
J’arrive dans un joli pavillon en banlieue parisienne. Le jardin est magnifique, je me demande si les mauvaises herbes sont enlevées à la pince à épiler, pas une faute dans le décor. Quant à l’intérieur de la maison, j’ai l’impression de rentrer dans un magazine « arts déco », tout est à sa place, aucune faute de goût. Laurence très élégante doit avoir la cinquantaine, m’accueille courtoisement. Son chat, un persan dort docilement sur le canapé. Laurence est très dynamique, parle de façon frénétique, une vraie « guêpe enfermée dans un bocal ». Je suis assez surprise du contraste entre cette maison et ce chat paisibles et Laurence qui est une véritable pile électrique. Elle parle beaucoup, entre deux phrases, me demande si je veux boire quelque chose, manger quelque chose… « Juste un verre d’eau, s’il vous plait » … Elle me propose tout type de boissons, a même une part de gâteau, fait par ses soins … « Un verre d’eau, cela sera parfait » lui dis-je. C’est limite si je ne vois pas une déception dans ses yeux de refuser sa part de gâteau.
Le verre d’eau posé, je m’assois tranquillement sur le canapé, ignore le chat. C’est vrai que cela fait mal au cœur de voir qu’il n’a plus de poil sur le dos. J’essaye d’avoir des gestes posés, être le plus calme possible pour faire descendre la pression. Laurence prend Moustache sur les genoux et commence à me parler. Le rythme de sa voix est saccadé comme les caresses qu’elle donne à son chat. Ce dernier se laisse faire, résigné. Et puis, il s’en va et se met à se lécher de façon compulsive. On dirait qu’ils sont synchros tous les deux : le rythme de la voix de Laurence s’accorde à la fréquence des léchages de Moustache.
« Cela fait combien de temps qu’il se lèche comme cela ? » je lui demande.
« Je ne sais pas trop, deux ans peut-être ».
Je lui demande s’il s’est passé quelque chose de particulier deux ans auparavant. « Non », me dit-elle. Nous avons revu ensemble son bilan de santé, son histoire. Aucun indice.
Plusieurs photos sont dispersées dans le salon : des photos d’enfants, des photos de ces enfants devenus adolescents puis jeunes adultes.
« Vous avez combien d’enfants ? »
« Trois » me dit-elle « mais ils sont grands maintenant. »
Je l’invite à me parler d’eux. Je n’ai pas besoin de la supplier, Laurence est ravie de me parler de ses enfants. Elle est très fière d’eux, « la prunelle de mes yeux » me confie -t-elle, « ils sont tous les trois très différents, ils ont tous les trois bien réussis et sont très indépendants ».
Plus Laurence me parle de ses enfants, plus j’ai l’impression qu’elle essaye de se convaincre de ce qu’elle dit. « Notre mission en tant que parent, c’est de les rendre indépendants, qu’ils soient autonomes. »
« Quand est parti votre dernier ? » Je lui demande.
« Il y a deux ans à peu près » me répond-elle.
« Comment l’avez-vous vécu ? »
Et là, avec des trémolos dans la voix, Laurence me raconte qu’elle ne comprend pas. Elle a pourtant l’impression d’avoir accomplis sa mission, rendre ses enfants indépendants et en plus, « ils sont tous les trois très heureux ». Elle me confie qu’elle était soulagée qu’ils quittent la maison, elle qui pendant plus de 20 ans s’est consacrée à leur éducation. « Attention, c’était mon choix », me dit-elle, elle ne s’est pas sacrifiée pour eux. Plus de machines à laver à faire, plus de caddies remplis à ras-bord, plus la course entre les activités sportives, l’école et les devoirs… Et puis, tout d’un coup, plus rien. Elle ajoute, l’autre jour, je faisais les courses et je me suis surprise à prendre machinalement le paquet de corn flakes préféré de l’un de mes fils et tristement, je l’ai reposé. Ce n’est pas la peine, il ne reviendra que dans 6 mois…
Alors, oui, maintenant, la maison est bien rangée. Chaque chambre est impeccable, plus de linge qui traîne par terre. C’est limite si elle ne préférait pas le temps où elle s’égosillait après ses enfants quand ils ne rangeaient pas leurs affaires.
Oui, son mari est toujours présent, fort heureusement. Mais, me dit-elle, il comble le vide en s’asphyxiant de travail. On s’aime toujours beaucoup mais quand il rentre, il fait son administratif et quand enfin, il s’arrête, il va se coucher tellement il est fatigué.
« En plus, nous avons eu les enfants jeunes. Beaucoup de nos amis ont encore les leur à la maison, ils ne comprennent pas. Tout le monde me dit que c’est normal que nos enfants quittent la maison, qu’on n’a pas fait des enfants pour les garder près de soi. »
Laurence vit de plein fouet le syndrome du nid vide. Tout d’un coup, elle ne sent plus utile et cette maison vide, certes impeccable est vide de vie. Alors Laurence compense sur son chat. Moustache se laisse faire mais décompresse en se léchant frénétiquement. Ce n’est pas la peine de culpabiliser Laurence. Tous les gestes affectueux, tous les câlins qu’elle faisaient à ses enfants, elle les adresse à Moustache. Et Moustache, il sature !
J’essaye de lui faire comprendre ce trop-plein. Je lui suggère et je sais que cela va être très difficile de ne plus toucher Moustache, de ne plus le prendre dans les bras pendant au moins 3 semaines. L’objectif est de faire baisser la pression, de le laisser venir vers elle et même s’il se couche sur ses genoux ou à côté, de ne pas le caresser. Je lui explique que ce n’est pas l’homme qui a apprivoisé le chat mais bien lui qui nous a apprivoisé. Il faut le laisser venir vers nous, à son rythme, quand il le souhaite.
Laurence est jeune. Ne serait-il pas temps qu’elle s’occupe d’elle et de prendre soin d’elle ? « C’est vrai », me dit-elle, « quand j’étais jeune, j’adorais faire du cheval mais après avec les enfants, je n’avais plus le temps ou je ne voulais plus prendre le temps de faire cette activité ». Tout d’un coup, je vois une lueur d’espoir dans ses yeux, mais oui, elle n’y avait même pas pensé, pourquoi ne pas pratiquer cette activité qu’elle aimait tant ? « Et puis », lui dis-je « cette activité est très thérapeutique, vous allez pouvoir toucher, rentrer en contact avec un autre animal que Moustache ».
Aux dernières nouvelles, Laurence s’est remise à faire du cheval. Moustache se lèche beaucoup moins et il semblerait que son poil recommence à pousser. « Et puis, quand il se lèche », me confie-t-elle, « c’est mon signal d’alarme, est-ce que je suis trop focus sur lui, est-ce que je suis en train de compenser trop de choses sur lui ? »
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
Comportementaliste Chiens & Chats
www.anca-comportementalistes.com

C’est l’histoire de Delphine et d’Emilie…
Delphine me contacte car elle souhaite avoir des conseils pour l’adoption d’un chaton.
J’arrive dans leur appartement et fais la connaissance de Delphine et de sa fille, Emilie, une jeune adolescente de 15 ans.
L’appartement est spacieux, a de belles baies vitrées qui donnent sur des arbres. L’environnement semble parfait pour l’arrivée d’un chaton.
La mère et la fille sont assez complices et m’expliquent pourquoi elles veulent adopter un chat. Delphine voudrait un petit compagnon pour sa fille et une présence quand elle rentre de l’école. Divorcée, et comme toutes les mamans qui travaillent, Delphine culpabilise de laisser sa fille de longues heures seule. Elle avoue aussi que lorsque sa fille sera chez son père, la présence de ce petit chat comblera cette absence. Toutes les deux me disent qu’elles souhaitent un chat noir et blanc. Ce détail m’interpelle.
« Pourquoi noir et blanc ? » je leur demande.
Delphine et Emilie se regardent, semblent un peu confuses. J’observe des larmes dans les yeux de chacune.
Delphine hésite, prend sa respiration, elle a du mal à parler.
Je la rassure, lui dis que nous avons tout le temps. Alors elle me raconte qu’à Noël dernier, elle avait voulu offrir un chat à sa fille. Elle me dit tout de suite comme pour s’excuser : « Je sais ce que vous allez penser, que ce n’est pas bien ce que j’ai fait ». Elle avait donc acheté ce petit chat sur internet, pris un rendez-vous sur un parking. Le monsieur avait ouvert son coffre, plusieurs chatons s’y trouvaient. Comme pour se déculpabiliser, elle me confie qu’elle n’était pas la seule sur ce parking à vouloir adopter un chaton. Elle avait donc choisi une petite chatte noire et blanche. Elle la trouvait bien minuscule mais prise dans ses émotions et craquant devant ce petit être, elle l’avait ramené chez elle. Sa fille était folle de joie, elle qui réclamait un chat depuis des années.
Mais … Ce petit chat, il était bien faible. Il se pelotonnait dans leurs bras, tellement heureux de recevoir enfin de la chaleur humaine. Il réagissait peu, ne mangeait pas. En quelques heures, Delphine et Emilie sont passées de l’euphorie à l’inquiétude pour ce petit chat.
Alors le lendemain, elle l’a amené chez le vétérinaire qui a posé un diagnostic très sombre. Il n’était même pas sevré, avait des vers, un gros bidon…. Il avait essayé de faire des soins mais était très pessimiste. Delphine a ramené ce chaton à la maison qui a décliné très vite et s’est endormi pour toujours dans ses bras.
En se mouchant, elle me dit « Et en plus, il m’a coûté une fortune entre le prix que j’ai payé pour l’avoir et les frais de vétérinaire ».
Delphine voulait combler sa fille et son cadeau de Noël s’est terminé en drame. Je l’ai rassurée, elle lui avait au moins offert une fin paisible.
L’objectif était donc de ne pas commettre la même erreur. Je les ai conseillées d’aller dans un refuge où elles trouveront des chats à adopter. Je leur ai donné des conseils pour l’arrivée de ce nouveau chat. Ensuite, je leur ai demandé d’écrire chacune une lettre d’adieu pour le chat qui était décédé. Le prochain ne devait absolument pas le remplacer. Il devait avoir sa place et ne pas être le substitut du chat noir et blanc.
Aux dernières nouvelles, Delphine et Emilie ont adopté un chat roux de 6 mois dans un refuge. « Il est en pleine forme ! » s’exclame Delphine.
Elles ont bien compris qu’acheter un animal via internet, c’est quelque part contribuer à ce genre de commerce.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
Comportementaliste Chiens & Chats
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C’est l’histoire de Jean-Claude et Ulysse...
Jean-Claude me contacte car son Shar Pei, Ulysse est infernal.
Et c’est vrai, lorsque j’arrive dans son appartement, Ulysse se jette sur moi, s’agrippe à ma jambe. Pas méchant Ulysse, mais d’une force incroyable. Je demande à Jean-Claude de l’attacher et du coup, Ulysse se met à aboyer. « Pouvez-vous l’isoler pour que l’on puisse discuter tranquillement ? » Jean-Claude le met sur le balcon et Ulysse se met à gratter à la fenêtre frénétiquement.
Je sens une grande nervosité chez Jean-Claude, de l’agacement. « Je vous l’avais dit, il est infernal ! ». Je lui ai proposé de l’ignorer, de ne pas le regarder et seulement quand, il sera calme, Jean-Claude pourra lui ouvrir la porte.
J’interroge sur l’histoire d’Ulysse. Il semblerait qu’il ait bien commencé dans la vie. La seule hypothèse que je peux émettre est qu’à 15 mois, il serait encore dans sa crise d’adolescence.
Jean-Claude m’explique que lorsqu’il le promène, il tire comme un fou. D’ailleurs, sa femme ne veut pas le sortir. Il s’est même fait mordre par son propre chien. Je lui demande de me raconter la scène. Jean-Claude a une maison secondaire à la montagne et il baladait Ulysse en laisse, dans le petit village. Un chien a débarqué et commencé à agresser Ulysse. Jean-Claude a voulu séparer les deux chiens et du coup Ulysse s’est retourné contre lui. Pas de point de suture mais quand même un trou dans le jean.
Je lui explique que le comportement d’Ulysse est tout à fait normal. En fait, étant en laisse et ne pouvant fuir, Ulysse a redirigé son agressivité sur Jean-Claude. Je lui demande s’il connait ce chien. « Oui, c’est le chien de la ferme du village. Il est tout le temps en liberté. » « Est-il du même gabarit qu’Ulysse ? » « Oui ». « La prochaine fois que vous rencontrez ce chien, vous lâchez Ulysse. Ils vont peut-être se bagarrer mais au moins, ils vont s’expliquer. Un des chiens va se soumettre et cela sera réglé ».
Je sens bien que Jean-Claude est sceptique mais bon, il va essayer.
Je lève les yeux et découvre une très grande photo d’Ulysse, accrochée au mur du salon. Jean-Claude me confie qu’il est photographe. « Il avait quel âge Ulysse sur cette photo ? ». « Ce n’est pas Ulysse sur cette photo, c’est Apollo ». Je suis soufflée. C’est la copie conforme d’Ulysse ! Même bouille, même coloris de poil, même plis….
Je lui demande de me parler d’Apollo. Jean-Claude a les yeux qui s’humidifient. « C’était un super chien, me dit-il, rien à voir avec Ulysse. Il était calme, il ne fuguait pas. Quand je travaillais à mon bureau, il me laissait tranquille. Tout le contraire d’Ulysse. »
« Que s’est-il passé ? »
« Il est mort à 4 ans en même pas 10 jours. Il a eu une piroplasmose. Le vétérinaire a tout tenté. Cela a été très brutal ».
Et la suite est que Jean-Claude est retourné un mois après son décès au même élevage et a acheté le clone d’Apollo. Même physique mais pas du tout le même tempérament.
« Jean-Claude, pensez-vous avoir fait le deuil d’Apollo ? »
Sa femme si discrète jusqu’ici, s’esclame : « On n’arrête pas de lui dire ma fille et moi qu’il n’a pas fait le deuil d’Apollo ! »
Jean-Claude est très gêné et même surpris de ne pas arriver à cacher ses émotions. J’explique à sa femme que justement c’est le rôle du comportementaliste d’aider « à faire le deuil » et que parfois on écoute plus une personne extérieure que sa propre femme ! J’essaye de rassurer Jean-Claude que le deuil, ce n’est surtout pas oublié son chien mais accepté son départ. Si injuste en plus, quand nos fidèles compagnons partent si tôt et de façon si brutale. Nous échangeons longuement sur le processus du deuil. Accepter, c’est aussi accepter ses émotions, les laisser venir, ne surtout pas les rejetter pour mieux les digérer. Je lui conseille d’écrire une lettre manuscrite à Apollo, de remémorier tous les bons souvenirs, tout ce qu’il aurait voulu vivre encore avec lui et de finir cette lettre avec le mot ADIEU. C’est important aussi qu’il prenne le temps d’écrire cette lettre quand il se sentira prêt. Et ensuite, détruire cette lettre dans un lieu qui symbolise Apollo. C’est un peu comme laisser partir des ballons vers le ciel.
« OK, me dit Jean-Claude mais qu’est-ce que cela à voir avec Ulysse ? »
Nos animaux sont des vrais buvards émotionnels. Ulysse sent très bien qu’il n’est pas à sa place. Il a été choisi pour remplacer Apollo mais il n’est pas Apollo. Alors, il est infernal, comme les enfants qui préfèrent se faire punir pour attirer le regard de leurs parents.
Nous convenons de faire un rendez-vous téléphonique dans 3 semaines car Jean-Claude repart dans sa montagne. Rien qu’au son de sa voix, je sens que Jean-Claude va mieux. Il m’explique qu’il avait à nouveau rencontré le chien de la ferme. Il avait donc détaché Ulysse qui s’est empressé de courir après lui. Il a retrouvé son chien sur l’autre qui s’était soumis. Depuis, lorsqu’Ulysse rencontre ce chien, ce dernier fait un écart et Ulysse l’ignore. Il a aussi écrit la lettre et l’a lue à sa femme. Il va bientôt la détruire, me dit-il. Il trouve qu’Ulysse s’est calmé et que leur relation commence à se tisser. Et pour finir, me confie-t-il, j’ai remplacé la photo d’Apollo dans le salon par la photo d’Ulysse.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
Comportementaliste Chiens & Chats
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C’est l’histoire de Swan et Jango…
Swan et Jango sont deux lévriers qui viennent du même élevage. Nathalie m’appelle car Jango est un chien très peureux.
A mon arrivée, Swan me fait la fête, Jango s’est caché sous la table, la queue entre les jambes. Je l’ignore et ne le regarde surtout pas dans les yeux pour ne pas être intrusive.
Pierre, le mari de Nathalie est assis sur le canapé. La télévision est allumée et le son est assez fort. Swan se couche à côté de Pierre qui lui met une couverture sur lui. Il fait pourtant très chaud, les fenêtres sont ouvertes mais Pierre me dit que ses chiens sont très frileux.
Nathalie me dit qu’elle a d’abord adopté Swan qui a tout de suite été très à l’aise dans ses patounes. « Un véritable amour », me dit-elle. Quelques mois après, l’élevage les contacte car des personnes qui lui avaient acheté un chiot lui ont ramené. C’était Jango qui avait un peu plus de 6 mois. Nathalie et Pierre se sont empressés d’aller chercher Jango. Ils ont bien remarqué que Jango à l’élevage était très craintif. Ils se sont dit qu’en étant en contact avec Swan, Jango prendrait confiance.
Au fur et à mesure que nous discutions, Jango s’est approché, est monté sur le canapé et a pris refuge sous la couverture, à côté de Swan. On aurait dit deux jolies petites biches lovées l’une contre l’autre. Je continuais à l’ignorer. Je savais qu’avec un seul regard, il serait parti se cacher.
Pierre et Nathalie étaient surpris qu’il ose venir sur le canapé alors que je n’étais qu’à un seul mètre. Je leur explique que dans mon attitude, je ne suis pas intrusive et qu’il ne se sentait pas agressé puisque je ne le regardais pas dans les yeux.
« A la maison, ça va à peu près », me dit Nathalie, « mais impossible de le sortir, il est tétanisé. Si bien qu’il fait ses besoins chez nous ».
Nathalie m’explique qu’ils sont très malheureux de voir Jango si terrorisé, qu’ils aimeraient qu’il puisse sortir avec « son frère », aller faire des promenades. Cela les affecte beaucoup. Ils supposent qu’il a été maltraité chez ses anciens propriétaires mais ne sauront jamais réellement ce qui s’est passé.
Le son de la télévision était toujours très fort et je leur demande pour quelle raison. « Si Jango entend des bruits de la rue, il prend peur et va se cacher. » Je leur ai proposé de l’éteindre, ce qu’ils ont fait.
« Au moindre bruit qui pourrait effrayer Jango, vous ne réagissez pas, vous faites comme si vous n’aviez rien entendu. Jango va vous regarder, vous l’ignorez. » Je sentais que Pierre et Nathalie étaient inquiets, n’arrêtaient pas de regarder Jango.
Leur appartement donnait sur une cour et une personne était en train de déplacer une poubelle, ce qui faisait beaucoup de bruit. Jango a sursauté, regardé Pierre et Nathalie. Nathalie s’est empressée de lui dire « ce n’est rien Jango ».
Il a fallu une longue explication pour que Pierre et Nathalie comprennent que plus on rassure un chien, plus on lui donnait raison d’avoir peur. Ils ont fini par en convenir mais cela ne correspondait pas à leurs habitudes. Dès que Jango avait peur, ils le prenaient dans leurs bras. Nouveau bruit. Jango sursaute, regarde ses maîtres. Je leur demande de me regarder et d’ignorer Jango. Pas de réaction de ses maîtres, il se recouche presque aussitôt près de Swan.
L’objectif était justement d’habituer Jango aux bruits de la ville dans son cocon familial.
Fort heureusement, leur appartement donnait sur une cour intérieure sécurisée. Il fallait descendre un escalier de plus de 30 marches pour y accéder. Je leur propose de se rendre dans la cour. Swan nous suit avec grand plaisir. Jango reste en haut des escaliers, figé. Je leur demande de se cacher et de l’appeler. Je reste 3 marches en dessous de lui et pose une friandise sur la première marche. Pendant, 5 minutes, pas de mouvement de la part de Jango et puis, enfin, il prend la friandise. J’en dépose une nouvelle deux marches en dessous. Temps d’arrêt puis Jango descend les 2 marches pour prendre la friandise et remonte aussi tôt. 3 pas en avant, 2 pas en arrière. Cela prend un long moment. Lorsqu’un chien a peur, c’est très important d’aller à son rythme et impératif qu’il puisse repartir en arrière dans sa zone de confort. Jango descend 5 marches, en remonte 3 aussi tôt. Et enfin, Jango descend dans la cour, accueilli par Swan qui l’invite à jouer. Pierre et Nathalie avaient les larmes aux yeux, tellement heureux que Jango accepte enfin d’aller dans la cour. Celui-ci s’est mis à courir avec Swan. J’avais l’impression de voir deux petites biches caracoler.
Nous ne sommes pas restés longtemps dans la cour. Jango avait fait une grande avancée, mais il fallait surtout respecter son seuil de sensibilité.
Je leur propose de faire cet exercice tous les jours. Lorsqu’enfin, il se sentira en sécurité dans la cour, ils pourront commencer à sortir dans la rue, toujours en respectant son seuil de sensibilité. Et le jour où enfin, il fera ses besoins dehors, un grand cap sera passé. Cela signifiera que Jango est suffisamment en confiance pour se soulager.
Aux dernières nouvelles, Jango accepte de mettre son harnais et sort dans la rue. Il reste toujours craintif mais prend confiance de plus en plus. Je n’oublierai jamais les larmes de joie de Pierre et de Nathalie.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
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C’est l’histoire de Minette…
Laure me contacte pour avoir quelques conseils au sujet de son chat.
J’arrive dans un appartement modeste au rez-de-chaussée et Laure m’accueille très chaleureusement. Son mari est assis à la table du salon. Il respire grâce à une machine à oxygène. Son teint est très pâle et ses yeux pétillent de gentillesse. Minette monte sur la table du salon, se frotte à son maître et me regarde avec curiosité. C’est un chat noir européen, une très jolie petite panthère, de 4 ans environ. Elle semble être en pleine forme.
Laure reste debout, derrière son mari, et lui adresse régulièrement des gestes affectueux.
Laure me demande si je veux boire quelque chose. J’accepte un verre d’eau qu’elle pose sur la table. Minette s’empresse de vouloir boire et commence à vouloir mettre sa patte dedans. Le monsieur la repousse gentiment en riant. J’observe que cette petite chatte leur apporte un joli rayon de soleil dans leur vie.
Laure me raconte qu’un soir d’été, elle regardait la télévision, la fenêtre était ouverte et Minette est rentrée dans leur appartement. Elle n’est jamais repartie. Laure a bien sûr vérifié auprès de son vétérinaire si elle était pucée. Personne ne l’a réclamée, du coup ils l’ont gardée.
En même temps que Laure me parle, Minette saute d’un meuble à l’autre, miaule un peu et finit par se coucher sur la télévision devant la fameuse fenêtre par laquelle elle est arrivée un soir d’été. « C’est sa place », me dit Laure. « Quand la fenêtre est ouverte, les gens s’arrêtent pour la regarder et engagent la discussion avec nous ». Minette leur apporte en plus de sa belle présence, un contact avec l’extérieur. Je commence mon questionnement et à mon étonnement, tout va bien. Minette n’est pas agressive, n’est pas malpropre, ne griffe pas les meubles…si bien qu’au bout d’un moment, je leur demande « quel est le problème ? » et ils me répondent en cœur « mais il n’y en a pas ! ».
Je vous avoue que j’étais un peu surprise. S’il n’y avait pas de problème, pourquoi m’ont-ils contactée ? Fort heureusement, il y avait sur les murs du salon plein de photos : de bergers allemands et des chats européens. C’étaient les animaux qu’ils avaient eu tout au long de leur vie. Alors, ils m’ont parlé de chacun, des souvenirs heureux qu’ils avaient partagés pendant leurs soixante ans de mariage. « Nous ne voulions plus d’animaux, me disent-ils, nous sommes trop vieux ». Mais par enchantement, un miracle est arrivé, cette petite Minette. Leur inquiétude est de savoir ce qu’elle deviendra lorsqu’ils ne seront plus là. Je les rassure sur la résilience de nos animaux à pouvoir s’adapter dans un nouvel environnement. Cette petite Minette saura très bien s’acclimater dans un nouveau foyer comme elle a déjà su le faire.
Ce couple avait envie de me parler de leurs animaux qu’ils avaient beaucoup aimé et voulaient s’assurer que Minette était heureuse chez eux. Je les ai bien sûr rassurés. Minette par sa vitalité leur apportait de l’énergie, de l’affection et des moments de rigolade. Merci Minette, merci la vie.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
Comportementaliste Chiens & Chats
www.anca-comportementalistes.com
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C’est l’histoire de Maewa et Kali.
Maewa me contacte car son chien Kali devient agressif.
J’arrive dans une famille avec deux enfants. Kali est un croisé de petite taille. Kali a 10 ans et souffre de plusieurs symptômes : otite aigue, crises d’épilepsie, son arrière-train tangue et il devient malpropre.
Il est bien sûr suivi par un vétérinaire qui après plusieurs examens, a diagnostiqué des troubles neurologiques.
Maewa me contacte car elle est inquiète pour ses filles. A deux reprises, l’une d’elle a failli se faire mordre par Kali.
J’observe Kali qui ne me manifeste peu d’intérêt. Je commence mon anamnèse tout en restant vigilante sur les mouvements de Kali et des 2 petites qui jouent autour de lui. Je remarque que Kali s’immobilise, ses yeux ont l’air de regarder dans le vide et il se met à faire pipi. Je demande à Maewa et à son mari s’ils ont remarqué son moment d’absence. Ils ont bien vu qu’il avait fait pipi mais n’ont pas vu que Kali pendant quelques secondes n’était plus avec nous.
Maewa est très affectée. Le pronostic du vétérinaire est plus que sombre, il conseille même d’arrêter, mais elle n’arrive pas à l’accepter. Elle est effondrée.
Je vois bien que l’une des petites, Lola 9 ans fait semblant de jouer et écoute ce que ses parents disent. A un moment, elle me tend son carnet intime et je lis dans ses mots d’enfant « ce n’est pas grave si Kali a essayé de me mordre, je l’aime quand même ». Les deux tentatives d’agression se sont passées sans raison apparente, Lola a voulu le caresser et Kali l’a mordue : heureusement la première fois, elle a eu le réflexe d’enlever son visage, la deuxième, il l’a faite saigner au doigt.
Le mari de Maewa a déjà pris sa décision. Je sens beaucoup de compassion envers sa femme mais la priorité, c’est la sécurité de ses filles.
Mais Maewa est inconsolable. Ce n’est pas possible.
Je demande « pourquoi vous avez adopté ce chien ? » Maewa me raconte que son mari lui a offert à Noël, il y a dix ans. « Nous venions d’avoir une année très difficile. Je venais de faire deux fausse-couches à plusieurs mois de grossesse ». « Et en plus, me dit Lola, c’étaient des garçons ! »
Quand on dit que la vérité sort de la bouche des enfants ! Merci Lola.
Ultime choix qui réveille deux autres deuils anciens pour Maewa : « Que vaut-il mieux Maewa décider d’arrêter aujourd’hui et de garder de bons souvenirs de Kali ou de toute façon être obligé à moyen terme de prendre cette décision mais en gardant des mauvais souvenirs ? »
Les petites filles étaient en effet trop jeunes pour observer, comprendre les moments d’absence de Kali. Ces moments où il n’était plus là, où il risquait d’être agressif. Comme tous les enfants, elles étaient pleines de vie, jouaient par terre et mettaient leur tête près de la gueule de Kali sans y prêter attention.
Les animaux sont une belle leçon de vie pour les enfants : ils leur apprennent qu’ils ne sont pas éternels, prennent également conscience que leurs parents ne sont pas éternels et eux aussi. Lola avait 9 ans. Il était aussi très important qu’elle comprenne que Kali était déjà un vieux chien alors qu’il n’avait qu’un an de plus qu’elle. C’était très important de lui expliquer que l’espérance de vie n’était pas la même chez nos chiens que chez nous, les humains.
Nous nous sommes revus Maewa et son mari quelques jours plus tard sans la présence des filles. Kali avait mordu Maewa. Elle savait qu’elle n’avait plus le choix. Je lui ai parlé du deuil, des phases du deuil, comment accepter le départ de Kali.
Je l’ai aussi beaucoup rassurée pour Lola. Le deuil chez les enfants comme chez les animaux est beaucoup plus naturel pour eux. Je lui ai conseillé de lui acheter un nouveau journal intime où elle pourra écrire toutes ses émotions, libre à elle de le montrer à ses parents.
Je les ai invité également à faire un livre photos de Kali, à disposition de tous les 4 ; chacun pouvant le consulter quand il le souhaite en espérant qu’il suscitera des récits de souvenirs heureux.

Ma journée avec les Gamelles Pleines…
En tant que présidente et vice-présidente de notre association ANCA, les Gamelles Pleines nous ont invitées Ninne et moi à assister à une journée festive.
Gamelles Pleines est une association qui distribue des croquettes aux animaux des personnes en grande précarité. Sa mission première est de rentrer en contact avec ces personnes grâce à leurs animaux, en grande majorité des chiens. En plus, de la distribution de croquettes, des soins vétérinaires, c’est avant tout le contact social que recherchent les bénéficiaires.
J’avoue qu’en premier temps, j’étais assez sceptique. Que pouvais-je apporter en tant que comportementaliste ?
La journée se passait au Samu social de Paris et je faisais la rencontre de bénévoles : Kevin, Katy, Candice … tous très dynamiques, m’accueillant avec beaucoup de chaleur. Ils m’ont tous remercier de ma présence alors que je ne venais qu’une journée. J’apprenais que ces bénévoles assurent une distribution de croquettes tous les mardis place de la République, font aussi des permanences avec des vétérinaires pour assurer des soins aux animaux, organisent également des maraudes pour rencontrer des SDF … des personnes qui ont le cœur sur la main, humaines, prêtes à intervenir en cas d’urgence alors qu’elles ont un travail, une famille à côté.
Tout un monde que j’ignorais.
Oui, bien sûr, j’ai déjà croisé des SDF, donné quelques pièces mais jamais, je n’ai pris le temps de discuter avec l’un d’entre eux. Autant vous dire que je sortais de ma zone de confort. Et puis par mon histoire, cela faisait rejaillir des souvenirs de quelqu’un de très proche que personne n’avait pu aider.
Parce qu’on les appelle les invisibles, ceux que l’on remarque à peine …
Plusieurs activités leur étaient proposées, l’objectif principal était de créer un lien.
Il y avait ceux qui étaient enclin à la discussion, ceux où je sentais que je ne devais pas être trop intrusive, ceux qui restaient en retrait. Quelle a été ma surprise d’entamer la discussion assez facilement finalement avec la majorité des bénéficiaires parce que justement ils avaient un chien. Mes premières questions portaient sur l’histoire de leur chien et petit à petit, je les questionnais sur la relation qu’ils entretenaient avec lui … J’ai eu bien sûr des fins de non-recevoir comme une dame qui m’a répondu « je croyais que l’on ne parlait que des chiens ici » mais beaucoup d’entre eux avaient envie ou besoin de se confier.
Lorsque je me remémore cette journée, je n’ai pas entendu un seul d’entre eux se plaindre.
Et puis, ces chiens, quelle force de résilience ! Certes, ce sont tous en majorité des gros gabarits, assez réactifs parce que leur mission première est de protéger leurs maîtres. Le monde de la rue, ne l’oublions surtout pas est très violent. J’ai posé une question naïve « Quelle est leur espérance de vie ? » Et Katy m’a répondu des chiens ou des bénéficiaires ?
Là encore, les chiens nous démontrent qu’ils sont capables de s’adapter à tout environnement. La majorité était en bonne santé et j’ose dire plus propres que leur binôme. Bien souvent, les personnes en grande précarité ont un animal parce qu’il génère beaucoup plus d’empathie que si elles étaient seules. Certains me confiaient que leur chien « était toute leur vie ». Ils ne sont pas jugés par leur chien. Il leur apporte de la chaleur, du réconfort, toujours fidèle, toujours présent.
Cette journée m’a rappelé que tous ces bénéficiaires restent des humains. Oui, bien souvent, des personnes cassées, mais ce sont des hommes et des femmes. Je me souviens en particulier d’une jeune femme qui n’avait que 30 ans. Cela aurait pu être ma propre fille.
Depuis ce jour, si je rencontre un SDF avec son chien, j’ose venir vers lui et essaye de rentrer en contact avec. Parler avec lui juste 5 minutes.
N’hésitez pas non plus à soutenir Les Gamelles Pleines. Si par hasard, vous passez un mardi soir place de la République et que vous avez un collier, une laisse que vous n’utilisez plus, apportez-leur.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
www.anca-comportementalistes.com

Martine et Billy
C’est l’histoire de Martine et de son chien Billy, un cocker, de 4 ans environ.
Martine me contacte car son chien ne peut pas rester seul.
Lorsque je rentre dans l’appartement, Martine me propose un café que j’accepte. Billy vient me respirer mais est assez indifférent. Martine m’apporte le café et nous nous asseyons l’une en face de l’autre. J’observe Billy, il va se coucher tranquillement loin de Martine.
En plus des aboiements pendant des heures, Billy détruit tout ce qui lui est accessible lorsqu’il est seul. Il peut être très ingénieux dans ses bêtises comme tirer sur la nappe du salon et faire tomber le pot de fleur qui était dessus ! Martine me montre des photos qu’elle a prises de son appartement et c’est vrai que Billy peut faire un véritable carnage. Le plus inquiétant, c’est qu’il est capable de se mettre en danger comme avaler des morceaux de tissus…
Ma première interrogation est de savoir si Billy souffre d’anxiété de séparation ou d’ennui ? Billy est suffisamment promené le matin, le midi et le soir. Il rencontre et joue avec d’autres chiens. Billy dort dans le couloir et pas dans la chambre de Martine, mange après elle. Bref, les critères sociaux semblent être respectés. Il ne la sollicite pas constamment. Ils ont tous les deux une très belle relation. Je ne constate pas un hyper attachement qui pourrait déclencher cette anxiété de séparation. Martine ne fait aucun rituel lorsqu’elle quitte l’appartement. Billy a été adopté parce que Martine a toujours vécu avec des chiens.
Et puis me dit Martine, « il ne fait des bêtises que lorsque je vais au travail. Si je m’absente pour faire des courses, je retrouve l’appartement dans le même état que lorsque je suis partie ». Premier indice.
« Et depuis combien de temps fait-il des bêtises ? »
« 10 mois environ… »
Deuxième indice.
Mon questionnement se focalise sur Martine.
Et elle me raconte son histoire. Martine a été infirmière jusqu’à l’âge de 40 ans. Elle a dû faire une reconversion car elle a perdu la vue. Pas complètement me dit-elle, elle distingue encore les formes mais plus les couleurs, ne peut plus lire, plus conduire… Je reste sans voix. Cela fait plus de 45 minutes que je suis assise devant elle et je n’avais pas remarqué qu’elle ne voyait pas. Je me permets de lui témoigner mon admiration. Elle me sourit, « c’est normal » me dit-elle, « je suis dans mon appartement ».
Elle m’explique qu’elle a suivi des études pour devenir kinésithérapeute. « Au moins, me dit-elle je peux travailler avec mes mains et je n’ai pas besoin de mes yeux. »
Mais depuis deux ans, elle commence à avoir mal aux mains. Elle s’est fait opérer. Elle n’avait plus mal mais depuis une petite année, la douleur est revenue. Et c’est l’angoisse de partir travailler et d’avoir mal dans les mains. Cela la terrorise. Que va-t-elle devenir si elle ne peut plus exercer, elle qui vit seule et qui est à 5 ans de la retraite ?
Ce stress avant de partir au travail parce que Martine se pose la question tous les jours, vais-je pouvoir bien soigner mes patients, elle le communique à Billy. Sans bien sûr la culpabiliser, je lui explique que le chien détecte nos propres émotions. Ce sont des vrais buvards émotionnels. Ils savent si nous sommes contents, tristes, énervés… Le chien est même capable de détecter le cancer, des virus… C’est pour cela qu’il existe des chiens d’assistance qui ont été formés pour prévenir son binôme si celui-ci va faire une crise d’épilepsie, par exemple.
Pour essayer de décharger ce stress, Billy hurle, détruit tout ce qu’il peut.
Mais, comment peut faire Martine alors qu’elle subit à nouveau un problème médical indépendant de sa volonté ? Cette prise de conscience, même si elle est douloureuse pour Martine va beaucoup l’aider. Elle comprend enfin pourquoi son chien réagit comme cela.
Et puis, quelles solutions peut-elle envisager ? N’a-t-elle pas droit à un mi-temps thérapeutique ? A une retraite anticipée ayant un handicap ? Plein de questions à lesquelles, je n’ai pas de réponses mais qui lui permettent de regarder le problème différemment. En lui posant certaines questions, en lui faisant prendre du recul, Martine convenait petit à petit qu’il existe sûrement des solutions.
Nous avons travaillé ensemble comment se mettre dans des émotions positives au moment du départ au travail, entre autres. Martine a également investi dans une barrière de protection pour s’assurer que Billy ne se mette pas en danger.
Elle avait pris également rendez-vous auprès de sa caisse de retraite pour faire un point sur ses droits…
Bien souvent, nous sommes focalisés sur le problème et nous ne voyons plus qu’il peut y avoir des solutions. C’est le rôle du comportementaliste, de permettre à nos clients d’avoir un autre regard et aussi d’envisager qu’il existe un possible.
Animalement vôtre,
#problemedecomportementchien#anxietedeséparation#relationhommeanimal#comportementaliste#comportementalisteiledefrance

Schweppes
C’est l’histoire de Schweppes, une adorable golden de 15 mois. Ses propriétaires me contactent car elle n’est toujours pas propre la nuit. Ils vivent en appartement. Je pose un certain nombre de questions pour faire le bilan comportemental. Rien à signaler sauf que…
Schweppes est sortie le matin, le midi et a droit tous les jours vers 17h00 à une belle balade de plus d’une heure dans un parc où elle est détachée et peut se défouler. Elle est capable de rester plus de 6 heures dans la journée sans accident. Mais …
« Si je comprends bien, la dernière sortie de votre chienne est à 17h00 ? Qu’est-ce que vous faites le soir avant de vous coucher ? »
Le couple se regarde et ils ont tous les deux compris. Parfois, nous sommes tellement focalisés sur le problème que nous n’arrivons pas à prendre du recul. Le comportementaliste est là justement pour vous aider à prendre conscience du véritable problème : il manquait juste une dernière sortie hygiénique !
Dans ce cas, un seul rendez-vous a suffi et aux dernières nouvelles, Schweppes est propre la nuit.

Nathalie, Puppie et Réel.
C’est l’histoire de Nathalie qui m’appelle parce que son chat ne mange plus depuis deux mois. Elle a pourtant consulté à plusieurs reprises son vétérinaire qui ne trouve rien. Il lui conseille de consulter un comportementaliste. En arrivant chez Nathalie, je découvre Puppie, un Yorkshire de 2 ans et Réel, un persan de 6 ans. Nathalie est très mince, fragile, marche doucement. Puppie ne tient pas en place, la sollicite tout le temps, monte sur ses jambes, amène ses jouets. Réel est d’une maigreur effrayante. En questionnant Nathalie et plus particulièrement sur les événements qui ont pu se dérouler ses deux derniers mois, j’apprends qu’elle a subi un traumatisme. Elle a fait un infarctus et son cardiologue lui a posé 3 stents. Il lui dit qu’elle est soignée comme tout son entourage, mais Nathalie n’arrive pas à s’en remettre moralement. Elle est restée figée sur ce traumatisme et psychologiquement ne va pas bien du tout. Elle ne mange plus depuis deux mois et quand elle me montre son lit, elle me dit qu’il est trop grand, qu’elle voudrait qu’il soit plus petit avec des planches de chaque côté et également une sur le dessus. Je lui demande « vous savez ce que vous êtes en train de me décrire ? » et me répond « oui, à un cercueil ». Et Nathalie me confie toute sa vie, un peu honteuse et me posant souvent la question « mais vous êtes psy ? ». Je lui réponds que non et lui explique que les comportements de ses animaux sont une réponse à ce qu’ils vivent. C’est leur manière de dire que Nathalie ne va pas bien. J’essaye de lui expliquer ces comportements adaptatifs sans bien sûr, chercher à la culpabiliser.
Nathalie me raconte qu’elle a follement aimé son mari et qu’elle l’avait trompé. Il s’en était rendu compte et l’avait quittée. Elle ne s’est jamais remise de cette séparation et parle de lui comme étant l’homme de sa vie. Elle me raconte qu’elle a eu un fils avec lui, qu’ensuite elle s’était faite avorter à deux reprises et qu’elle ne se pardonnait toujours pas 40 ans après « d’avoir tué ses deux bébés ». Elle a également perdu ces deux dernières années une petite chienne qui était un Yorkshire et un chat européen. Elle me montre les deux urnes posées sur le meuble du salon bien en évidence : deux boîtes avec la photo de chaque animal dessus.
Elle a pris conscience au fur et à mesure de notre rendez-vous que tant qu’elle n’ira pas bien, ses animaux manifesteront ces comportements, comme l’anorexie chez son chat. Le deuil de sa petite chienne et de son chat n’est pas fait. Puppie restera infernale si Nathalie n’accepte pas ces deuils.
Mes hypothèses sont qu’elle a subi un traumatisme en découvrant sa maladie il y a deux mois, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle doit faire le deuil que son corps ne sera plus le même et accepté cette maladie. Mais ce traumatisme a fait resurgir d’autres deuils qu’elle avait mis « sous cloche » comme la séparation avec son mari, ses avortements et le départ de ses deux derniers animaux. A chaque nouveau deuil, ses souffrances s’amplifient comme si elle n’arrivait plus à mettre de filtres et Nathalie semble s’éteindre à petit feu. Sa culpabilité est tellement forte qu’elle s’interdit d’être heureuse. Elle se punit elle-même d’avoir commis « toutes ces fautes ». Je lui ai demandé ce qu’elle souhaitait aujourd’hui, « que je grossisse » me répond-elle. Elle a convenu d’elle-même qu’elle avait besoin d’aide, besoin de parler pour « mettre des mots sur ses maux ». Elle a compris que ses animaux étaient les porte-parole de sa dépression.
Nous avons réagencé, entre autres, les positions des gamelles qui étaient trop proches de la litière.

Pascal et ses chats.
Le métier de comportementaliste nous permet de franchir des portes que nous n’ouvrirons jamais pas dans notre vie quotidienne. Nous pénétrons dans de nouveaux mondes. Il faut savoir s’adapter à toute personne, quel que soit son niveau de vie…
Cette fois-ci, mon rendez-vous se passe dans le 2ème arrondissement, chez Pascal. Je rentre dans un splendide appartement et découvre 4 chats magnifiques : un Maine Coon, deux siamois et un Ragdoll. Autant vous dire que je prends sur moi pour ne rien montrer car je fonds littéralement sur ces merveilles. La cause du rendez-vous est que l’un des siamois fait pipi en dehors des litières et agresse l’autre Siamois.
Très élégant, Pascal a une autorité naturelle, qui ne se livre pas facilement.
Pascal attend de moi des réponses concrètes comment faire pour que son chat fasse dans sa litière. Je sens que je dois avancer prudemment dans mon questionnement car pour Pascal, seuls les chats ou du moins un des chats a un problème.
J’interroge sur l’histoire des chats, sa relation… A chaque fois que nous parlons d’un des chats, Pascal le prend dans ses bras. Tout le monde est au garde à vous et chacun doit répondre à ses attentes même si le chat en question est en train de dormir profondément.
En 2 ans, Pascal a adopté ces 4 chats et va bientôt en avoir un cinquième.
Puis, la question, « vous avez eu d’autres animaux avant ces chats ? »
Je remarque presque un sursaut chez Pascal. Je crois qu’il hésite entre me répondre ou m’envoyer balader. Dans ces moments où je sens un blocage chez mes clients, je prends un ton très calme et essaye d’avoir le plus de bienveillance possible pour qu’ils se sentent en confiance. Bien souvent, je commence par « vous me dites si je vais trop loin mais j’ai besoin de savoir pour comprendre… »
Et là, Pascal me raconte qu’il a eu un Dog Allemand quand il était petit, qu’il adorait. Je vois des larmes dans ses yeux. Il le prenait dans ses bras et me mime le geste avec ses deux bras comme s’il entourait le chien. Et puis, ce chien est décédé lorsqu’il avait 8 ans. Il avait eu tellement de chagrin qu’il ne se nourrissait plus et était tombé dans une dépression.
Et Pascal parle, parle … Comme s’il attendait qu’on appuie sur le bouton « on » et déverse toutes les émotions qu’il avait contenu depuis des années.
Il me dit également qu’il a choisi d’adopter des chats parce qu’en appartement, un chien ce n’est pas possible. Je n’ai même plus à poser de questions. Il fait le déroulé tout seul. Et puis, à chaque chat, il essaye de les prendre dans ses bras et comme le chat ne se laisse pas faire, il en achète un autre. Et là, il me mimme le geste. Je l’arrête « vous avez vu le geste que vous avez mimé, c’est exactement le même que vous faisiez avec votre chien ? ». Je vois dans ces yeux le déclic. J’adore ce moment du rendez-vous où mes clients comprennent, même pas besoin de développer. Ils ont pris conscience du déclencheur de tel ou tel comportement et surtout de la relation de leur comportement avec celui de leur animal.
Parce que dans ce rendez-vous, le problème, ce n’est pas le problème de propreté d’un des chats. Le problème est que tant qu’un de ses chats ne répondra pas à ses attentes, tant qu’il ne pourra pas prendre son chat dans les bras comme avec son chien, il en achètera un nouveau. Jusqu’à avoir « le chat de trop », celui qui déséquilibre l’entente entre les chats, celui qui va faire pipi partout….
Même 30 ans après, Pascal n’avait toujours pas fait le deuil de son Dog Allemand.
Être comportementaliste, c’est réussir à « faire crever l’abcès » tout en douceur, en bienveillance. Bien souvent, je sens mes clients réfractaires. Je ressens bien chez eux qu’ils ne veulent pas lâcher prise. Je sens même parfois que c’est limite s’ils n’ont pas envie de me mettre à la porte, qu’ils ne veulent pas que je rentre dans leurs jardins secrets. Et quand enfin, certains se libèrent, quand enfin ils se dévoilent, quelle délivrance. Ils sont eux-mêmes surpris de cette prise de conscience, de ce qu’ils s’étaient cachés à eux-mêmes. Ils sont même surpris d’avoir réussi à parler devant leur femme ou leur mari, leurs enfants … La famille se cristallise et c’est un travail d’équipe qui se met en place qui permettra de faire évoluer le comportement de leur animal.

Topaze et ses maîtresses.
Topaze a été adopté par une famille avec 3 adolescentes. Il avait un an lors de notre premier rendez-vous. Celui-ci acceptait de sortir avec son maître et de se balader tranquillement. Si une des filles ou la femme voulaient le promener, Topaze refusait de sortir de l’immeuble. En questionnant les différentes personnes, je me suis rendu compte que la maman et ses filles avaient peur des chiens. C’est pour cette raison qu’elles avaient adopté un chien pour ne plus en avoir peur. Elles n’avaient pas peur de leur propre chien mais continuaient d’avoir peur des autres, et cette peur, elles la transmettaient à Topaze. Le mari en revanche, avait toujours vécu avec des chiens et n’en avait pas peur. Le petit chien acceptait de sortir avec lui. En plus de cette prise de conscience, j’ai aidé chacune d’entre elles grâce aux techniques de la PNL à reprendre confiance en elles, à travaillé sur leur posture d’excellence. Aux dernières nouvelles, Topaze adore être promené par ses maîtresses.

Véronique et Filou
C’est l’histoire de Véronique et de son chien Filou. Véronique me contacte sous les conseils de son vétérinaire car son chien Filou est très agressif envers ses congénères. J’arrive dans un joli appartement et me retrouve devant une femme élégante de plus de 60 ans. Son chien Filou m’accueille très calmement, limite s’il s’intéresse à moi. Il se couche dans son panier comme si de rien n’était. C’est un croisé avec des yeux magnifiques, de 15 kilos environ et âgé d’une dizaine d’années. Je demande à Véronique de me parler de l’histoire de Filou. Et en fait, elle n’en sait pas beaucoup. Il s’est retrouvé dans un refuge à ses 10 ans, semble avoir reçu une éducation puisqu’il répond à certains ordres. Véronique souhaitait un nouveau chien puisque le sien était décédé de vieillesse depuis deux ans. Elle avait adopté Filou depuis 6 mois environ. Il s’était bien adapté à son nouvel environnement. Cependant, il manifestait de plus en plus de l’agressivité dès qu’il rencontrait un nouveau chien quel que soit la taille et le sexe. Véronique avait du mal à le maitriser, au risque même de tomber tellement il pouvait être en furie dans ces moments là. Commence alors mon questionnement sur son histoire : Elle est veuve depuis plus de 7 ans. Son mari est décédé à la suite d’une longue maladie. Ce chien a été adopté par son fils. En effet, Véronique avait contacté plusieurs refuges qui ne souhaitaient pas lui confier un chien, étant selon eux, trop âgée. C’est donc son fils qui a choisi Filou et qui lui a apporté le jour de son anniversaire. C’était la dernière fois qu’elle voyait son fils. Il s’est suicidé trois mois plus tard. Véronique en même temps qu’elle me parle appelle son chien et le fait assoir à côté d’elle sur le canapé. Elle a besoin d’avoir un contact physique avec lui au fur-et-à mesure qu’elle me raconte ces épreuves si difficiles. Elle a besoin de le toucher, de sentir sa présence pour se donner du courage, se sentir moins seule. Elle me confie qu’elle adore regarder la télévision et l’avoir tout près d’elle. Sa chaleur, sa présence, la soulagent, la réconfortent. Elle m’avoue également qu’elle a peur de le perdre et qu’elle a besoin d’être toujours en contact avec lui. Elle ressent un besoin viscéral de le protéger. Petit à petit, en lui posant certaines questions, Véronique prend conscience que Filou représente le dernier lien vivant de son fils. Perdre Filou, c’est perdre une deuxième fois son fils. Elle n’a pas pu le sauver, elle doit donc impérativement réussir à sauver Filou. En surprotection à la maison, Filou manifeste comme comportement adaptatif une protection de sa maîtresse à l’extérieur. A son tour de la surprotéger. Cette prise de conscience a permis à Véronique de considérer Filou différemment, de le remettre à sa place de chien et de ne pas lui donner le rôle de substitut. Au deuxième rendez-vous, Filou était métamorphosé. Nous sommes allés à la rencontre de congénères et il manifestait beaucoup moins d’agressivité. Nous avons travaillé sur son seuil de sensibilité, détourné son attention quand il commençait à se tendre et le féliciter dès qu’il manifestait un comportement positif. Véronique aussi commençait à faire son travail de deuil. Elle s’était inscrite à de nouvelles activités et reprenait peu à peu goût à la vie. Le comportementaliste intervient dans la relation du propriétaire à son animal. Je dirai que nous intervenons sur la « partie invisible », l’impact psychologique que l’humain peut avoir sur son animal. L’éducation est ensuite préconisée quand le chien a une relation équilibrée avec son propriétaire, quand il est capable de se concentrer pour apprendre de nouveaux comportements.